08 octobre 2007

I want You ?


Régulièrement, Columbia nous remet Dylan sur le panthéon des demi-dieux de la musique américaine, et l'automne 2007 voit la sortie d'un luxueux coffret 3D (seulement ?) accompagné d'un joli livret bien creux et de quelques cartes postales dont on se demande se que l'on va en faire - mais bon. L'affaire avait débuté avec Biograph, en 1986. 5 vinyles ménageaient la chèvre (les titres incontournables, ou décrétés comme tels) et le choux (des inédits à faire baver les Dylanologistes de l'époque). Cinq ans plus tard, c'est le début des Bootleg Series, fonds de tiroirs magnifiques pour les inconditionnels. Et puis quelques best of par ci par là, chacuns pimentés d'une petite cerise destinée à faire craquer les maniaques possédant déjà 18 versions de Mr Tambourine Man éparpillés à droite à gauche : Dignity, Things Have Changed et autres pépites du style auront raison du portefeuille des plus intégristes d'entre nous.

Et là, re-belote : mais pas de cadeau Bonux, que du réchauffé. Argument = ce Dylan de coffret est une anthologie destinée à rappeler aux brebis égarées ô combien Dylan est un poète, etc. etc. Ca vous a un petit côté Guy Moquet des plus désagréables. Pour autant, faut-il offrir ce Dylan à votre petit neveu pour l'aider à le ramener sur le droit chemin et lui faire la morale entre la dinde et la bûche ?

C'est là que le bas blesse : Ces messieurs de chez Columbia ont une conception de l'indispensable qui rend l'objet détestable pour l'initié. Tenez, par exemple, y'a même pas I Want You. Alors qu'on nous ressort, en lieu et place et sous prétexte d'un remix dont on se cogne allègrement, Most Likely You Go Your Way (and I'll Go Mine). No comprendo. On y cherchera désespérément, sur ce premier CD, des trucs comme Girl From the North Country ou One Too Many Mornings. On se serait passé en échange de A Hard Rain's A-Gonna Fall, et ses six minutes de protest-song un peu vermoulu. Ca fait redite avec Blowin' in the Wind, de toute manière.

Le deuxième disque pose question aussi : quel intérêt, ce On A Night Like This mal foutu, alors que sur le même album, une merveille comme Dirge ou Wedding Song attend toujours son heure ? Bien vu par contre le zapping de Desire (Hurricane est largement suffisant, on est d'accord). Mais que vient faire The Groom's Still Waiting at the Altar, gros étron boogie-blues sans intérêt, alors que question face B rarissime, la reprise du Angels Flying Too Close To The Ground de Willie Nelson aurait bien mieux trouvé sa place ici. Et toujours pas de version acoustique de George Jackson officiellement disponible en CD. Z'ont raté le coche, là. Et où est I & I, joyau d'Infidels passé à la trappe de tous les best of depuis sa sortie ? Et pourquoi Precious Angel, ou la bigotterie de Dylan se double de soli dispensables de l'autre Mark Choufleur ? Bloody Hell, c'est raté, messieurs.

Le troisième CD, enfin, finit de faire pleurer : pour celui qui ne fait pas attention, la transition entre le sublime Blind Willie Mc Tell et l'infecte Brownsville Girl (11 minutes de gargouillements inaudibles) peut faire mal. Dire qu'avec ces 11 minutes, on aurait pu caser Lovesick et Mississippi, par exemple. Au lieu de ça, le disque se termine par deux morceaux dispensables du récent Modern Times (et Nettie Moore, alors ? et Ain't Talking ?). Dommage, pour conclure, au lieu de l'apothéose finale, on s'ennuie.

Je suis désolé pour tous ceux qui lisent ça, mais j'avais besoin de le dire. Ce besoin de râler, ça fait partie de notre pathologie, vous savez... En plus, ça contribue à faire de la pub... No comment.

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